Komitas (1869-1935) est une figure emblématique de la musique arménienne et pionnier de l’ethnomusicologie, fêté et célébré de son vivant tant en Orient qu’en Occident. Cette biographie plonge au cœur de son œuvre visionnaire et de son parcours hors du commun et à travers une approche documentée et sensible, explore l’itinéraire et l’héritage du musicien.
Komitas, de son vrai nom Soghomon Soghomonian, a grandi dans une Arménie sous domination ottomane avant d’être exilé puis interné à Paris suite au génocide. Ordonné prêtre à un jeune âge, il a consacré sa vie à la redécouverte et à la préservation du patrimoine musical populaire. Animé par une curiosité insatiable, il a parcouru villages et campagnes, recueillant plus de trois mille chants arméniens et kurdes, à l’instar de Bela Bartok pour les musiques d’Europe centrale. Voyageant en Europe au début de XX^e siècle, Komitas a côtoyé plusieurs cercles musicaux, notamment à Berlin et Paris qui lui rend hommage par le buste mémoriel dressé devant le Grand Palais. De nombreux concerts lui ont valu à l’époque la reconnaissance et les éloges de musicologues et compositeurs dont Debussy et Ravel. En tant que compositeur, chef de choeur et pédagogue, il a réalisé transcriptions et harmonisations des thèmes et chants qu’il avait sauvegardés, constituant un imposant corpus de partitions qui sont aujoud’hui partagées par de nombreux interprètes à travers le monde.
Le livre retrace également le rôle pionnier de Komitas dans l’ethnomusicologie moderne. Son approche scientifique, alliant analyse musicale, linguistique et anthropologique, avait contribué à poser les bases de cette discipline.
Grâce à une riche iconographie, des lettres inédites et des partitions originales, ainsi qu’à une synthèse des plus récentes recherches consacrées au compositeur, cette première biographie en français de ce prêtre-musicien qui termina ses jours dans un dénuement total à l’hôpital psychiatrique de Viillejuif, dévoile les multiples facettes de Komitas : l’ethnomusicologue, le compositeur, et l’homme marqué par les déchirements de son époque. Il rend hommage à son héritage inestimable, qui continue d’inspirer musiciens, chercheurs et amoureux des cultures du monde.

Sévag Tachdjian, après une maîtrise de lettres modernes à la Sorbonne et une autre de journalisme à Strasbourg, se consacre au chant au Conservatoire de Lyon. Le baryton-basse intègre ensuite les opéras de Cologne et du Rhin tout en poursuivant son activité de journaliste musical (Classica et Pianiste). Désigné en juin 2011 comme «Meilleur jeune espoir» par le magazine d’opéra allemand Teater Pur, il remporte plusieurs concours de chant.