Collection Diasporales

Face à l’innommable

Chavarche Missakian

Face à l’innommable

avril 1915

Collection : Diasporales
Paru en avril 2015
Prix : 19 €

Chavarche Missakian

Face à l’innommable

avril 1915

Face à l’innommable

Traduit de l’arménien par Arpik Missakian. Postface de Krikor Beledian  

Collection : Diasporales
16,5 × 23 cm, 144 pages, 2015.
ISBN 978-2-86364-299-3
Prix : 19 €

  • Imprimer la fiche
  • Un extrait 

La Première Guerre mondiale est commencée depuis plusieurs mois, la Turquie est alliée à l’Allemagne. Le 24 avril 1915 débute la Grande Rafle des intellectuels d’Istanbul, marquant le début du génocide des Arméniens.
Chavarche Missakian est alors un jeune journaliste engagé dans le combat pour les libertés. Il échappe par miracle à la rafle : il était le sixième sur la liste noire des personnalités recherchées. Entré en clandestinité, il reste très actif et note dans ses carnets, sous forme cryptée, les terribles nouvelles qu’il reçoit sur les exactions commises dans les provinces : déportations en masse, exécutions de groupes de soldats, tortures et élimination des intellectuels. Il s’attache dans le même temps à transférer ces informations à l’étranger. Dénoncé, il est arrêté, et c’est là que commence le récit de la période qui va le mener de la Police politique turque à la Cour martiale. Malgré les années de souffrances et de tortures, il gardera toujours le silence et ne sera libéré qu’à l’armistice.
Ces souvenirs sont le récit de l’homme de presse qu’il deviendra et de ses carnets chargés d’histoire. Après un long silence, car ce qu’il avait vu et vécu était de l’ordre de l’«  innommable  », il prend la plume en 1935 pour répondre aux mémoires d’Ali Riza, le chef de la police politique turque qui est face à lui pendant toute sa détention, et pour rétablir sa vérité.
Dans un style vif et concis, Chavarche Missakian, grand lecteur et déjà francophone à l’époque, documente de manière précise les premiers temps de l’entreprise génocidaire.


Chavarche Missakian est né en 1884 à Zmara près de Sivas, province arménienne de l’Empire ottoman. Sa famille s’installe ensuite à Istanbul où il fréquente le collège central Guetronagan à Galata. Il devient très tôt journaliste, trompant la vigilance de la censure turque et publiant quelques articles dans la presse arménienne en Europe. La révolution jeune-turque de juillet 1908 restaure la Constitution de 1876 et institue la liberté de la presse. Il collabore à plusieurs périodiques.
Il entre dans la clandestinité après la rafle du 24 avril 1915 et fait parvenir au journal Hayastan de Sofia des informations sur les exactions exercées envers les Arméniens. Il est arrêté le 26 mars 1916, emprisonné, torturé ; il se jette du troisième étage mais survit. Il est libéré à l’armistice, en novembre 1918.
En novembre 1922, après la victoire de Mustafa Kemal, il sera obligé de s’exiler à Sofia où il se marie. Il arrive à Paris en novembre 1924 et fonde en 1925 le journal Haratch, quotidien en langue arménienne. Il paraîtra sans interruption jusqu’à sa suspension volontaire au moment de l’Occupation pour éviter de subir la censure des Allemands alliés de la Turquie. Reparaissant après la Libération, l‘éditorial du 9 décembre 1945 est titré “Génocide”. Chavarche Missakian y explicite l’étymologie du mot, utilisé pour la première fois après les travaux de Raphaël Lemkin et avant la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée à l’Onu trois ans après jour pour jour. Il a dirigé son journal, devenu mythique pour tous ses lecteurs, jusqu’à son dernier souffle, le 26 janvier 1957. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise. Une place lui est dédiée dans le IXe arrondissement à Paris.
Repris par sa fille, Arpik Missakian, le quotidien a paru pendant plus de quatre-vingts ans et restera le dernier quotidien en langue étrangère publié en Europe.



JPEG - 116.3 kio

JPEG - 422.1 kio