Armen Lubin

Un brin de cœur tendre

Traduit par Arpik Missakian ; suivi de «Sans liens autour», par Anouche Kunth  

Collection : Diasporales

LE LIVRE
L'AUTEUR

Dans cette nouvelle poignante, Armen Lubin met en scène un duo improbable : une femme arménienne d’un certain âge, maternelle, expansive et volubile, et un jeune homme, lui aussi arménien, maigre, maladif, silencieux, mystérieusement enfermé dans sa douleur. Tout les oppose, mais leurs différences s’imbriquent avec finesse, nourrissant un dialogue vibrant au fil d’un trajet en tramway dans la région parisienne.
À mesure que l’échange progresse, l’intrigue se tisse par petites touches, révélant des retournements subtils. Peu à peu, la sollicitude insistante de la femme pousse le jeune homme à agir, à reprendre en main sa destinée. Il accepte son aide, mais l’issue de ce rapprochement s’avère tragique, déjouant les attentes.
Avec délicatesse, Lubin explore ici les trajectoires d’exilés, de survivants ancrés dans des chambres d’hôtel anonymes, tentant de reconstruire leur vie dans la France de l’entre-deux-guerres. À travers ce récit, il esquisse les contours flous de la survie, de l’attachement, et du besoin d’autrui dans un monde où la place de chacun reste incertaine.

Armen Lubin, de son vrai nom Chahnour Kerestedjian, est né le 3 août 1903 à Üsküdar, un quartier de Constantinople (aujourd’hui Istanbul), au sein d’une famille arménienne. Fuyant les persécutions dont furent victimes les Arméniens, il quitte la Turquie en 1923 pour s’établir à Paris. Il y entame une carrière littéraire en arménien sous le pseudonyme de Chahan Chahnour, publiant notamment Retraite sans fanfare en 1929 (publié en traduction française en 2009). Vers 1936, une tuberculose osseuse le contraint à de longs séjours en sanatorium. Malgré la maladie, il adopte le français comme langue poétique sous le nom d’Armen Lubin, avec des recueils tels que Le Passager clandestin (1946) et Sainte Patience (1951), publiés chez Gallimard. Sa poésie, empreinte de douleur et de tendresse, explore l’exil, la solitude et la fragilité humaine. Il reçoit le prix Max-Jacob en 1952 et le prix Caroline-Jouffroy-Renault en 1964. Armen Lubin décède le 20 août 1974 à Saint-Raphaël et repose au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Une biographie complète a paru en 2020 : Hélène Gestern, Armen, L’exil et de l’écriture (Arléa). //// Anouche Kunth est historienne au CNRS (IRIS-EHESS), spécialiste des violences extrêmes, qu’elle aborde depuis le cas arménien en se penchant plus spécifiquement sur l’après-coup du génocide de 1915. Médaille de bronze du CNRS 2020 pour l’Histoire, elle a notamment publié Exils arméniens, Du Caucase à Paris (1920-1945) (Belin, 2016) et Au bord de l’effacement, Sur les pas d’exilés arméniens dans l’entre-deux-guerres (La découverte, 2023), ce dernier ouvrage ayant été récompensé par le Prix Augustin Thierry des Rendez-vous de l’Histoire de Blois 2023. Elle co-dirige la revue Sensibilités, Histoire, critique et sciences sociales.

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Mise à jour :samedi 14 juin 2025 | [Mentions légales] | RSS 2.0