Cosimo Schinaia

L’architecture au regard de la psychanalyse

Traduit de l'italien par Gilbert Dinimant — Préface de Paul Denis — Postface de Giordano Tironi  

Collection : Architectures

LE LIVRE
L'AUTEUR

L’espace construit qui forme notre environnement, depuis l’intimité de notre chambre à coucher jusqu’à l’extraordinaire diversité en mouvement de la ville, joue un rôle clé dans notre équilibre psychique et dans la stimulation sensorielle qui participe à la constitution de nos pensées et de nos représentations du monde. Ainsi, dans le traitement de la souffrance mentale par le psychanalyste, les thématiques de la maison et de la ville, aux espaces capables aussi bien de rassurer que d’inquiéter, sont omniprésentes. Ainsi, les métaphores de la rénovation d’une maison ou les rêves de déménagement sont-ils souvent présents dans la cure analytique, et parlent des changements profonds qui s’opèrent dans la vie émotionnelle du patient. Dans ce livre, Cosimo Schinaia pose la créativité comme dénominateur commun de la psychanalyse et de l’architecture, car, dit-il, ces deux sciences croisent continuellement les arts et se nourrissent de transversalité. S’appuyant sur les grands penseurs de sa discipline, et sur les réflexions et les écrits d’écrivains, d’artistes et d’architectes, ce psychiatre italien propose ici un riche parcours intellectuel qui envisage l’espace selon différentes perspectives pour mettre en évidence la centralité, dans nos existences, des lieux qui nous entourent. Il en ressort la nécessité de plus en plus criante de prêter attention à la complexité du symbolique qui relie leurs habitants aux maisons et aux villes. Architectes, urbanistes et psychanalystes sont ainsi appelés à enrichir leurs compétences propres pour parvenir à une vision dynamique de la relation immatérielle entre ressources, individus et territoire ; et ainsi à aménager un environnement plus respectueux. À travers quatorze chapitres, et après avoir présenté les raisons de son intérêt particulier pour l’architecture, l’auteur discute de l’utilité d’ouvrir toute discipline et singulièrement la psychanalyse, aux différents champs de réflexion et d’activité, en recherchant confrontation fructueuse et contamination créatrice. Il traite ensuite de la métaphore de l’archéologie et de celle de l’architecture à partir de Freud, et de leur rôle dans la construction de l’appareil psychique freudien. Un chapitre est également consacré à l’espace d’abord du point de vue phénoménologique, puis de celui de la Gestalt, et se concentre sur la façon dont l’espace a été décrit et utilisé dans la culture psychanalytique, en cherchant à mettre en évidence la relation entre l’espace interne et l’espace externe. La critique spécifique des concepts fondamentaux de l’architecture moderniste et du Style international fait l’objet d’un autre chapitre qui souligne la nécessité d’une rencontre entre la mémoire du passé, l’urgence du présent et la construction du futur. L’auteur aborde ensuite les mêmes thèmes, la relation entre passé, présent et futur en psychanalyse, en mettant l’accent sur la valeur et les limites des théories postmodernes actuelles, et sur le choc entre le besoin de théories et l’hypothèse d’une absence de nécessité d’explications générales. C’est par la suite l’étrangeté (the uncanny) qui est questionnée, ainsi que la manière dont elle peut être abordée en termes d’architecture, en commençant par quelques solutions spatiales et architecturales de l’architecte Frank Gehry. La maison et la relation entre les espaces intérieurs et extérieurs, avec leurs influences mutuelles, sont ensuite abordées, suivies par un chapitre sur la nécessité d’une étude des espaces de confinement des troubles mentaux. Un modèle franciscain conventuel est avancé comme référence utile pour la construction d’espaces communautaires psychiatriques. Le onzième chapitre s’intéresse au cabinet de l’analyste : sa constitution avec Freud, son évolution dans les différents contextes géographiques et culturels, et son rapport aux différentes théories psychanalytiques. À travers des récits cliniques, l’influence de l’espace extérieur sur la relation transfert/contre-transfert entre patient et analyste est mise en exergue. En conclusion, l’auteur nous invite à un dialogue plus étroit entre l’architecture et la psychanalyse dans l’intérêt du bien-être de chaque être humain.

Cosimo Schinaia est un médecin psychiatre qui a été médecin-chef et directeur de l’hôpital psychiatrique de Cogoleto et de différentes structures de santé mentale à Gênes. Il est psychanalyste formateur et superviseur de la Société psychanalytique italienne, membre titulaire de l’Association psychanalytique internationale et exerce en libéral à Gênes. Il a publié de nombreux ouvrages et articles, souvent traduits dans plusieurs langues, dont celui-ci, déjà traduit en anglais et en espagnol.


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Mise à jour :dimanche 15 juin 2025 | [Mentions légales] | RSS 2.0